Le Grand Conseil vaudois a adopté le 17 septembre un article de loi bannissant «toute pratique visant à modifier ou réprimer l’orientation affective et sexuelle ou l’identité de genre d’autrui». Selon le Centre catholique d’information (www.cath.ch du 19 septembre dernier), un amendement a passé de justesse la rampe, précisant que le fait, non pas de pratiquer, mais simplement d’inviter «à la prudence et à la réflexion» une personne qui envisage un traitement de genre ne devrait pas être punissable.
Je comprends le souci de ceux qui, parmi les membres du Grand Conseil, auraient voulu créer un nouveau délit, celui d’inviter à la prudence et à la réflexion celles et ceux qui ont l’idée de changer d’orientation sexuelle, d’identité de genre. Ils craignent avec raison que l’invitation à la prudence et à la réflexion soit assortie d’une pression morale ou des dérives contraignantes dont usent assez volontiers des sectes en tous genres.
Il n’en reste pas moins paradoxale que dans nos sociétés – le canton de Vaud n’est pas exceptionnel de ce point de vue – la prudence et la réflexion soient suspectées. En effet, nos sociétés occidentales nourrissent chez leurs membres une sensibilité exacerbée aux risques et aux dommages potentiels. Au nom de la sécurité personnelle et publique, nos sociétés conjuguent sur tous les tons la prévoyance, la prévention ou la précaution, selon l’idée qu’elles se font des lois qui président à l’émergence du futur (certaines, aléatoires ou incertaines).
Ce ne sera pas mon dernier mot. Car je reste convaincu que le goût du risque – y compris en ce qui touche la question visée par le Grand Conseil vaudois, l’orientation affective et sexuelle ou l’identité de genre d’autrui – est ce qui manque le plus à la dynamique de nos sociétés. Nos sociétés étouffent sous le souci constant de se prémunir contre les aléas et l’incertitude qui conduit à multiplier les lois, décrets, règlements, protocoles, procédures et rubriques.
Au total, en conjuguant risque et prudence, il me semble qu’attirer l’attention sur les risques liés au changement quant à l’orientation affective et sexuelle et à l’identité de genre ne me semble pas contraire au courant de liberté sur lequel nos sociétés surfent depuis trois siècles.
Car on ne peut pas choisir ce que l’on ne connaît pas.