«C’est le moment, l’heure est déjà venue de sortir de votre sommeil». Ces mots de saint Paul, adressés aux Romains il y a 2000 ans, nous semblent bien familiers aujourd’hui. Ils résonnent chaque jour autour de nous avec toujours plus d’insistance: Réveillez-vous! Convertissez-vous! Changeons notre manière de vivre, sinon c’est bientôt trop tard! Ce sont les prophètes des crises sociales, économiques, écologiques et climatiques qui nous avertissent plus que jamais de l’imminence de la fin du monde comme nous le connaissons. Nous sommes donc loin de la situation du déluge évoquée par Jésus dans l’évangile de Matthieu où «les gens ne se sont doutés de rien» lorsque Noé avait construit son arche.
Donc aujourd’hui c’est moins le fait de somnoler dans l’insouciance qui caractérise notre existence mais plutôt le contraire: le sentiment d’alerte, d’impuissance et de peur face aux scénarios imminents qui nous menacent. Par conséquent, l’enjeu principal pour la foi chrétienne n’est pas tellement de nous réveiller d’un sommeil mais de vivre dans la conscience aiguisée des perspectives apocalyptiques de l’avenir. Qu’est-ce qui peut nous aider à tenir debout dans cette situation exigeante?
Commençons par nous laisser appeler par Isaïe: «Venez!» Ne restons pas paralysés comme le lapin face au serpent. Avançons dans la confiance et ne nous laissons pas assommer par la peur et le découragement. Et demandons la grâce d’être attentif aux signes de la vie et de la présence de Dieu dans les expériences du quotidien : les moments de la gratuité, du don surprenant et de l’amour inconditionnel, les petits regards, gestes et paroles, qui peuvent illuminer et changer la vie, les «Merci», «Pardon» ou «que Dieu vous bénisse!». Et nous pouvons nous-mêmes devenir auteurs de ces signes pour d’autres en essayant de nous rendre davantage attentifs aux besoins de tous, à leurs tristesses et leurs angoisses, leurs espérances et leurs joies. C’est ça vivre le temps de l’Avent: se tenir prêt, se revêtir «des armes de la lumière», marcher «à la lumière du Seigneur» et être attentif.
L'éditorial de Beat Altenbach pour les feuilles paroissiales du 1er dimanche de l'Avent