• Fête de la bénédiction du drapeau de la société des étudiants lituaniens de l’Université de Fribourg «Lituania», le 2 juillet 1922. Photo: E. Lorson/Archive de l’Albertinum

Fribourg au coeur de l'histoire lituanienne

L’amitié entre la Lituanie et la Suisse ne date pas d’hier. Et si les jésuites des deux nations ont lié leur destinée au sein de la Province jésuite d’Europe centrale en 2021, les liens étaient déjà bien solides. Et ce notamment depuis que des étudiants lituaniens sont venus en nombre sur les bancs de l’Université de Fribourg dès la fin du XIXe siècle dernier. Certains sont devenus des personnalités de premier ordre de retour en Lituanie, et nombre d’entre eux ont joué depuis Fribourg un rôle important dans l’émergeante de la démocratie de leur pays. Une histoire aussi incroyable que méconnue qui a été mis au jour par la chercheuse lituanienne de l’Université de Fribourg, Mantė Lenkaitytė Ostermann.

Ci-dessous, un extrait de son article à lire en intégralité sur le site de la revue culturelle choisir. Histoire de se rappeler que nous devons tous, d’où nous sommes, prendre soin de nos démocraties.

Fribourg et les Lituaniens: une histoire passionnante mais très peu connue. Grâce à son université fondée en 1889, Fribourg était l’un des centres les plus importants rassemblant des intellectuels lituaniens catholiques, prêtres et laïques, dans la première moitié du XXe siècle. Jusqu’à 1935, quelque 110 étudiants lituaniens ont étudié à Fribourg. Par leur formation et leurs activités, ils ont largement contribué à la création de l’État lituanien indépendant en 1918 et à la vie de l’Église lituanienne de la première moitié du XXe siècle.

Pourquoi Fribourg?

Entre 1795 et 1918, la Lituanie, ainsi qu’une grande partie de la Pologne, se trouvait sous le joug de l’Empire russe. La période fut marquée par l’oppression de l’Église catholique et de la population, accompagnée de la campagne de russification et de la conversion forcée à l’orthodoxie. C’est dans ce contexte qu’à partir du milieu du XIXe siècle l’on constate une prise de conscience, de plus en plus exprimée, de l’identité nationale lituanienne, qui devient progressivement liée à l’idée de l’indépendance politique.

Pour échapper au contrôle culturel, idéologique et politique du gouvernement impérial russe, il fallait partir à l’étranger. Avant 1905, la seule possibilité légitime d’obtenir un passeport étranger et de franchir la frontière de l’Empire russe était le besoin d’un traitement médical. C’est ainsi qu’à partir de la fin du XIXe siècle, des séminaristes et des prêtres lituaniens «malades» commencèrent à étudier à Rome, à Louvain, à Regensburg et … à Fribourg. Dès sa fondation en 1889, l’Université de Fribourg était conçue comme une université catholique et internationale. Elle a donc tout de suite attiré l’attention des jeunes prêtres lituaniens.

Les premiers Lituaniens à Fribourg

«Tout prêtre lituanien peut être un vrai étudiant à l’Université de Fribourg, même sous un faux nom», écrivait  alors l’abbé Friedrich Speiser au premier Lituanien à Fribourg, Juozas Stankevičius. Cette disposition de pouvoir adopter une fausse identité, qui permettrait d’échapper à la surveillance des agents du tsar, était décisive pour la venue des Lituaniens en Suisse.

Entre 1895 et 1905, quarante-cinq étudiants provenant de Lituanie s’étaient ainsi inscrits à l’Université de Fribourg. La plupart d’entre eux s’étaient inscrits sous des faux noms et avaient indiqué un faux lieu d’origine, raison pour laquelle jusqu’à aujourd’hui encore certains noms n’ont pas pu être identifiés. Étant majoritairement clercs, les Lituaniens de la première génération avaient principalement choisi les disciplines théologiques et philosophiques.

«Rūta–Lituania», société des étudiants lituaniens

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