Favoriser la réconciliation dans un monde de tensions et d’injustices

À l’occasion de la fête de saint Ignace, le provincial Bernhard Bürgler sj a adressé aux jésuites d’Europe centrale une réflexion inspirée par l’«année ignatienne» qui se termine et au cours de laquelle la Companige de Jésus a commémoré la conversion d'Ignace de Loyola il y a 500 ans.

Parmi les nombreuses conversations évoquées au cours de l’année ignatienne écoulée, je retiens un thème incontournable. Nous traversons une période de bouleversements et de changements profonds. Bon nombre d’entre nous, jésuites, les ressentons et les vivent très clairement, notamment dans nos missions. Toutes les évidences et les certitudes qui nous ont permis de vivre jusqu’à présent, mais qui ont aussi marqué notre façon de vivre notre vocation de jésuites, sontremises en question, voire s’effondrent purement et simplement. Ces changements ne concernent pas uniquement le monde dans lequel nous vivons. Ces bouleversements nous affectent aussi nous-mêmes. En tant que jésuites, individuellement, mais aussi en tant que communauté religieuse.

Nous constatons tous la polarisation croissante de notre société et la vivons comme une conséquence du bouleversement et de l’incertitude. Cette situation n’a rien de surprenant, car les périodes de doute sont toujours des périodes de polarisation. Cette polarisation n’épargne pas l’Église, et par conséquent notre Ordre. Il arrive que la tendance à distinguer le vrai du faux, à considérer le groupe auquel noud appartenons comme celui qui fait juste, et les autres «qui semblent n'avoir tout simplement rien  compris», laisse des traces jusque dans nos communautés et pèse sur notre vie et notre mission communes. 

Changer de paradigmes

Comment pouvons-nous répondre à ce défi? Selon moi, nous pouvons trouver un début de réponse en nous rappelant les idscussions de la 36e Congrégation générale. Elle rappelle: « Nous sommes des compagnons dans une mission de réconciliation et de justice. Être compagnons signifie que nous avançons ensemble et que nous luttons ensemble pour le chemin et l’avenir, comme l’ont déjà fait les premiers compagnons.» Cela veut dire qu’au-delà de nos divergences d’opinion, quelque chose nous unit et fait de nous des compagnons: notre vocation à suivre le Christ et à nous unir toujours plus profondément à lui. Sans cette dimension personnelle, spirituelle et intellectuelle de notre vocation, indépendamment de notre travail souvent très fructueux et de notre vie communautaire, je ne pense pas que l’engagement au service de la réconciliation soit possible.
Je suis à la fois impressionné et touché par la description du décret de la Congrégation générale: le fait que l’engagement au service de la réconciliation puisse déterminer notre manière d’aller de l’avant et le but de toutes les confrontations. Accepter d’être au service de la réconciliation et d’être envoyé dans un monde de tensions et d’injustices pour y apporter la réconciliation reste (encore) inhabituel pour nous, jésuites, dans la définition de notre véritable vocation. Qu’est-ce que cela signifie concrètement pour notre grande province?  Pour nos œuvres et nos travaux? Pour nos communautés et pour nous-mêmes? 

Pour ma part, j'essaie d'évaluer et de décrypter ce que cela pourrait signifier plus que je n’ai de réponses claires. Cependant, malgré toutes les questions qui y sont liées, je crois que notre engagement au service de la réconciliation représente une inspiration profonde pour relever les défis des signes de notre temps. Je pense qu’il vaudrait la peine de suivre cette inspiration. C’est dans ce sens que je souhaite une joyeuse fête de saint Ignace à tous, qui nous lie tous plus profondément à notre vocation.

Père Bernhard Bürgler sj
Provinzial

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