«Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre?»

La question de Jean Baptiste est toujours pertinente, même s'il l'a prononcée il y a 2000 ans! Au vu des guerres et des injustices qui règnent dans notre monde, qu’est-ce que la venue de Jésus de Nazareth a changé? Et combien d’entre nous ne souhaiteraient-ils pas de temps en temps, qu’Il revienne enfin, qu’Il se manifeste dans sa puissance et nous rende justice; qu’Il soit vraiment «la vengeance qui vient, la revanche de Dieu» (Is 35,4). Devons-nous donc en attendre un autre, ou espérer que le Christ fasse enfin ce qu’il était censé faire il y a 2000 ans déjà?

Jésus ne répond pas directement à la question de Jean Baptiste. Il le renvoie aux signes visibles de sa présence: les aveugles qui retrouvent la vue, les sourds qui entendent, les muets qui parlent et les boiteux qui commencent à marcher. Ces changements ne se situent pas sur le plan social et politique, mais ils touchent les individus, les hommes et femmes dans leur capacité de vivre et d’être en relation.

Dans sa rencontre avec Jésus, l’être humain est touché et transformé dans la dimension la plus profonde de son existence, dans son désir profond de relation, de reconnaissance et d’amour. En Jésus s’exprime le désir de Dieu d’être en relation vivante avec sa Création et de nous montrer son Amour inconditionnel. Il ne transforme pas les structures du monde, mais nos cœurs et à travers ces derniers, nos représentations de Dieu. Il témoigne d’un amour qui n’exclut personne – pas plus les nantis que les plus démunis et les plus blessés – et qui cherche à nous libérer de la peur. C’est dans la rencontre personnelle avec le Christ, dans l’expérience intime d’être connu, reconnu, aimé et pardonné inconditionnellement, que nos blessures sont guéries et nos capacités relationnelles libérées et restaurées.

Il n’y a guère d’image plus discrète et moins offensive pour signifier ce désir de Dieu à nous rejoindre au centre de notre existence que ce petit enfant dans la crèche. Il ne s’impose pas; il n’exerce pas de violence; il fait tout sauf peur. Sa puissance n’est pas dans la violence, mais dans l’amour. Avons-nous donc confiance en sa puissance ou voulons-nous en attendre un autre?

Demandons la grâce de nous ouvrir à sa présence. Que nos yeux et nos oreilles s’ouvrent pour que nous puissions voir son astre et entendre le chant des anges! Que nos paralysies s’estompent pour que nous puissions nous lever et aller à sa rencontre. Et que nos bouches soient libérées pour que nous puissions partager la joie qui nous est donnée! Puissions-nous porter sa lumière dans le monde autour de nous et ainsi contribuer à le rendre plus juste et joyeux. C’est cela Noël: le désir de Dieu de devenir homme en nous pour le salut du monde.

Beat Altenbach sj

Auteur:

Beat Altenbach SJ

Vit et travaille comme aumônier de prison et supérieur à Genève depuis novembre 2020. Né à Bâle en 1965, Beat Altenbach sj est entré chez les jésuites en 1996 après des études et un doctorat en chimie à l’Université de Bâle et à l’École polytechnique de Zurich. Le Bâlois est de retour en Suisse Romande depuis fin 2020 et a rejoint la communauté des jésuites de Genève dont il est le Supérieur. Après des études de philosophie à Munich et de théologie à Paris, il a travaillé comme aumônier universitaire à Zurich et à Bâle, et comme directeur du centre spirituel et de formation de Notre-Dame de la Route à Fribourg. Beat Altenbach sj est engagé dans l'accompagnement et la formation aux Exercices spirituels; il anime des retraites ignatiennes en allemand et en français. Il est un passionné et fin connaisseur de la spiritualité d'Etty Hillesum et membre du comité de rédaction de la revue choisir.
Depuis 2005, le Père Altenbach sj se forme à l'accompagnement des victimes d'agressions sexuelles. Depuis 2018, il est l'un des représentants religieux au sein de la Commission d'experts sur les agressions sexuelles dans l'environnement ecclésial de la Conférence épiscopale suisse. Depuis 2019, il est la personne de référence des jésuites de Suisse en matière de violences sexuelles.
Parallèlement, depuis octobre 2021, il oeuvre comme aumônier au Service de l’aumônerie catholique des prisons, à 40%, et aumônier auprès de la Pastorale des Jeunes de Genève, à 10%. 

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