• Discours du Père Felix Körner sj sur le Père Alfred Delp sj © SJ-Bild/Jim von Stritzky
  • La messe s’est tenue à l'église Saint-Blaise © SJ-Bild/Jim von Stritzky
  • Hans-Martin Rieder sj © SJ-Bild/Jim von Stritzky
  • Hans-Martin Rieder sj prononce ses derniers vœux devant le provincial Bernhard Bürgler sj © SJ-Bild/Jim von Stritzky
  • La bénédiction est donnée à la fin de la messe, ici par le P. Jan Roser SJ © SJ-Bild/Jim von Stritzky
  • Après la messe, Hans-Martin Rieder sj prononce son quatrième vœu: sa disponibilité pour le pape @ SJ-Bild/Jim von Stritzky
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Derniers vœux: le courage d'oser la nouveauté

Juste après la remise des bulletins de notes aux élèves du Collège Saint-Blaise marquant le début du deuxième semestre, le directeur, le Père Hans-Martin Rieder sj, a reçu la confiance du provincial de la Compagnie de Jésus et a lui-même offert son témoignage d'engagement.

Dimanche 6 février, le jésuite originaire de Basse-Bavière a confirmé ses vœux, prononcés pour la première fois à la fin de son noviciat en 2011. C'est en présence du Père Bernhard Bürgler sj, provincial de la province d'Europe centrale, que le Père Hans-Martin Rieder sj a prononcé ses vœux de pauvreté, d'obéissance et de chasteté lors d'une messe solennelle en la cathédrale Saint-Blaise, concélébrée par de nombreux jésuites. C'est lui qui a délibérément choisi la date de la célébration: il souhaitait ainsi marquer d'une part sa relation avec sa destination actuelle, Saint-Blaise, et, d'autre part, son lien avec son confrère, le Père Alfred Delp sj, l’Église ayant commémoré quelques jours auparavant l'anniversaire de la mort de ce résistant exécuté par les nazis. Le Père Delp avait lui-même travaillé au Collège Saint-Blaise et avait prononcé ses derniers vœux alors qu'il était prisonnier de la Gestapo.

Messe festive et derniers vœux

Un excellent accueil a été réservé au directeur du collège, comme en témoigne le grand nombre d'élèves et de collaborateurs qui ont ponctué la messe d'intermèdes musicaux ou d'autres services. Un quatuor de solistes de l'association musicale a ouvert la messe avec le chant « Jesus Christ You are my Life », dont le choix illustre d'ores et déjà l'objectif du jésuite: orienter sa vie vers Jésus et proclamer son message, même dans une société dans laquelle «la situation de l'Église est plus que difficile», selon les mots du Père Rieder sj.
Le passage biblique présenté, tiré de l'Évangile selon Luc, permet également de comprendre en quoi consiste un vœu­­ - Pierre reçoit une promesse de Jésus: «Désormais ce sont des hommes que tu prendras» (Lc 5,10c) (ce que l’on pourrait traduire plus littéralement par: «tu captureras des êtres humains pour leur rendre la vie»). Cette promesse n'est certes pas un appel à suivre à la lettre. Dans son homélie, le provincial Bernhard Bürgler sj rappelle cette exhortation et cette relation particulière avec Jésus que vivent les jésuites: «Si tu veux être un pêcheur d'hommes, laisse-toi aller à la rencontre de Jésus, laisse-toi interpeller par lui, écoute sa parole, jour après jour. Et réponds-lui. Aie le courage d'oser l'inhabituel, le nouveau, de surmonter la peur. Avance en eau profonde».

Le Père Hans-Martin Rieder sj a longuement discerné pour savoir s'il était prêt à suivre Jésus, à prononcer ses vœux et à les vivre pleinement: «Ma décision de 2011 s'est confirmée et approfondie au cours des dernières années et à travers des situations de vie très différentes», déclare-t-il. Il ne considère pas ces vœux comme un fardeau: « Les vœux et le lien avec la Compagnie de Jésus qui en découle me donnent la liberté de mener une vie épanouissante, heureuse et pleine de sens à mes yeux».

Lors de la messe, le directeur jésuite a exprimé son témoignage avant la communion, tandis que le provincial Bernhard Bürgler sj a confirmé une union réciproque entre la Compagnie de Jésus et le Père Hans-Martin Rieder sj qui «durera jusqu'à la fin de ma vie». En plus de la musique, la messe a été animée par Eiko Maria Yoshimura à l'orgue, l'ancien collégien Clemens Losch à la trompette et Elias Hopmann au violon. En outre, la célébration du Gloire à Dieu de la messe a été notamment marquée par l'hymne du collège «Ad maiorem Dei gloriam», interprété par le chœur de jeunes filles des classes inférieures et moyennes, un chant dont tout collégien se souvient bien des années après son baccalauréat. Après la bénédiction finale et la sortie de la messe, la bénédiction de Saint-Blaise a été donnée aux fidèles.

Ce week-end de célébration marque pour le Collège Saint-Blaise et pour la Compagnie de Jésus un événement joyeux et particulier, qui doit encourager chacun à découvrir sa propre vocation et à prendre des décisions.

L'autre moitié du Père Alfred Delp

La veille de la messe, dans le gymnase du collège qui porte le nom du Père Alfred Delp sj, le Père Felix Körner sj a tenu une conférence remarquable qui a fait réfléchir les auditeurs sur ce jésuite admirable, lui-même ancien enseignant et éducateur au sein de l'établissement. Dans son discours, le professeur du nouvel Institut de théologie catholique de l'Université Humboldt de Berlin a mentionné «l'autre moitié d'Alfred Delp». Le Père Körner occupe la chaire de théologie des religions Nikolaus-Cusanus et enseigne en collaboration avec des théologiens musulmans. Le jésuite Delp a été exécuté par le régime hitlérien dans les dernières semaines de la guerre. Avant cela, il avait prononcé ses derniers vœux dans le couloir de la mort de la prison de Tegel, à Berlin.

Les nazis avaient peur de la foi chrétienne. De plus, l'amitié entre le penseur catholique qu’était Delp et le comte protestant Helmuth James von Moltke les dérangeaient. Lorsque des chrétiens protestants et catholiques, observateurs et critiques, unissent leurs forces, un régime totalitaire n'a aucune chance -les nazis ont pu s'en apercevoir. Ils ont tenté d'étouffer la résistance, mais cela n'a pas duré. «D'où Alfred Delp puisait-il sa force face à une telle tyrannie?» s’est demandé le Père Körner. «Delp a osé percevoir toute la réalité. Son esprit critique était présent à la réalité de l'injustice. Cette lucidité lui a donné de l'énergie. Il s’est défendu comme il a pu. Mais tel n’était que la moitié de sa force. Delp, l'esprit chrétien, pouvait aussi percevoir la réalité de Dieu», a déclaré le Père Körner. Sa peine de mort prononcée, il fait sortir clandestinement une lettre de prison. Il y décrit la colère des nazis et leur peur des Chrétiens. Il se rend compte à présent que lui, le condamné, devient lui-même un témoin contre l'injustice. Il sent que sa vie a pris un sens: une cause pour laquelle on peut vivre et mourir.
Le témoignage du résistant Alfred Delp montre comment sortir de la dépression aujourd'hui. «Dans les crises de notre époque, nous devons aussi voir plus loin que la simple moitié des choses», a relevé le Père Körner.

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