• Derniers voeux @ SJ-Bild/2013

Célibat des prêtres à nouveau en question

En ouvrant, le 17 février dernier, le symposium sur le sacerdoce organisé au Vatican, notre pape François a rappelé la tradition selon laquelle «le célibat est un don que l'Église latine conserve». Il vise là l’Église «latine», qui ne recouvre pas toute l’Église se rattachant à Rome, mais qui en est le principal fer de lance.

Malheureusement, comme le Pilatus PC 24 (dont le Conseil fédéral se défait, liore ma précédente chronique ici) le célibat des prêtres (que l’Église latine veut conserver) ont ceci de commun qu’ils présentent à l’usage quelques inconvénients qui conduisent -à tort ou à raison- à les remettre en question. L’avion suisse était «mal-aimé des sept sages», le célibat ecclésiastique, lui, est incompris des fidèles, y compris ceux qui y reconnaissent la source d’une plus grande disponibilité pastorale.

Dans son ouvrage L’ami de l’époux, paru en 2019, le cardinal canadien Marc Ouellet, après avoir évoqué la  vague de contestation et les assauts contre l’Église et le sacerdoce, venant de l’intérieur comme de l’extérieur, reconnaît que les 400’000 prêtres de par le monde (ceux-là mêmes qui ont à le vivre ce célibat dans un environnement particulièrement défiant envers les règles sexuelles contraires à la culture libérale d’aujourd’hui) «se sentent inconfortables dans leur rôle, plus que jamais incompris».

La remise en cause récurrente du célibat ecclésiastique dans l’Église latine n’est donc pas seulement la réaction naturelle au constat des scandales et des abus trop souvent épinglés. S’il faut chercher une raison plus profonde, je la trouverais dans le fait que le célibat de prêtres dans l’Église latine, comme le Pilatus PC 24 récemment revendu par le Conseil fédéral, a l’inconvénient de ne pas se projeter assez loin.

En effet, le célibat peut devenir un poids insupportable -notre pape François le reconnaît- s’il n’est vu que comme la condition exigée par la discipline ecclésiastique pour accéder à la fonction sacerdotale. Tant que le célibat sera une condition imposée par l’institution pour autre chose qu’une vocation personnelle intérieure, il ne pourra être vécu que comme un état second, qui sera vécu comme secondaire et finalement de moindre importance, avant d’apparaître comme une gêne, un poids, voire, le contexte socioculturel aidant, un obstacle à l’épanouissement du prêtre. Ce qui ne manque pas d’arriver lorsque la fonction ecclésiale est moins gratifiante -ce qu’elle est souvent dans le contexte d’aujourd’hui.  Moyen contraint, choisi pour autre chose que lui-même, il perd son sens. Du coup, «sans amis et sans prière, le célibat peut devenir un poids insupportable», a reconnu notre pape François. Que faut-il ajouter?

 

Auteur:

Étienne Perrot sj est un jésuite de la Province d'Europe Occidentale Francophone (EOF) qui a vécu 15 ans à Genève (de 2001 à 2016), au sein de la communauté de Carouge. Il écrit régulièrement sur le site des jésuites de Suisse depuis 2013. Il est en outre membre du conseil de rédaction de la revue culturelle suisse choisir.
Étienne Perrot, né en 1944 dans le Doubs (France). Il a enseigné  l'économie et l'éthique sociale à Paris, et l'éthique des affaires à l'Université de Fribourg 3. Il a écrit plusieurs livres, notamment Esprit du capitalisme, es-tu là ? Derrière les chiffres, discerner l’humain, Bruxelles, Lessius 2020.

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