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Avec Frontex, ce sont les droits de l'homme qui sont en jeu

Frontex est l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes qui surveille les frontières extérieures de l’espace Schengen. La Suisse en fait partie depuis 2008. Le 15 mai 2022, le peuple votera sur le renforcement de la participation de la Suisse à Frontex. Le comité No Frontex dénonce les agissements de l'agence de l'UE et demande au peuple de rejeter cette hausse du crédit fédéral. Responsable du Service jésuite des réfugiés en Suisse (JRS-Suisse), Christoph Albrecht sj explique pourquoi.

Les personnes qui fuient leur pays ne sont pas des touristes. Elles n'ont pas quitté leur environnement familier par plaisir. Elles ne peuvent pas non plus rentrer chez elles à leur guise. Loin de leurs proches, déracinées et projetées dans un milieu inconnu voire hostile, elles se demandent où elles ont le plus de chance de trouver des conditions de vie dignes.

Les raisons qui poussent ces personnes à choisir un pays particulier comme destination sont nombreuses et variées. Nombre d’entre elles s'orientent vers un lieu où des parents, voire des connaissances y sont déjà. Le système de Dublin complique la situation et induit inutilement des années de vie gaspillées durant lesquelles les migrants sont contraints à séjourner dans un pays qu’ils ne voulaient que traverser.

La politique suisse de sécurité généralement hostile aux migrations a des conséquences graves sur les personnes arrivant aux frontières extérieures de l’Union Européenne (UE) et de son espace Schengen. Certains États de l’UE n'accordent en effet pas une grande importance au respect des droits de l'homme, notamment au droit de demander l'asile. Les migrants sont parfois dépouillés, humiliés, maltraités, voire même repoussés en pleine mer ou dans des forêts impénétrables au péril de leur vie.

Frontex observe ces actes odieux sans être capable de les empêcher. Elle les renforce même parfois en informant, grâce à son système de surveillance high-tech, les corps nationaux de gardes-frontières de la position et du mouvement des réfugiés. Favoriser la localisation et l’accès aux migrants pourrait être une bonne chose si l'objectif des autorités aux frontières était de sauver les personnes d'un danger de mort. De nombreux rapports rendus publics démontrent et prouvent portant que Frontex participe activement à de nombreux refoulements. Le directeur de Frontex, qui affirme depuis deux ans que l’agence n'a aucune information sur les traitements illégaux des migrants, a démissionné de son poste le 28 avril passé.

"Non à Frontex"

Face aux allégations de graves atteintes aux droits fondamentaux de l'être humain, le camp des partisans au renforcement financier de l’agence Frontex n'a aucun argument de fond. Leur seul argument pour soutenir Frontex réside à faire peur aux électeurs en brandissant l’exclusion de la Suisse à l'espace Schengen en cas de "non à Frontex". Ils prétendent encore que la Suisse ne doit pas se soustraire à la coresponsabilité de la protection des frontières européennes.

Mais c'est justement parce que la Suisse ne peut pas se soustraire à sa coresponsabilité qu'elle ne peut pas soutenir sans critiques un système qui a besoin d'être transformé en profondeur.

L'organisation européenne de protection des frontières doit être transformée afin d’être plus proche de ce pour quoi elle déclare avoir été créée: Pour que les personnes qui arrivent aux frontières de l’Union européenne se voient accorder le droit fondamental de déposer une demande d'asile dans la dignité.

En votant "NON à Frontex" le 15 mai, la Suisse fait savoir à l'UE qu'elle reconnaît le besoin de clarification et de restructuration du fonctinnement de l'agence reconnu par l'UE elle-mêne et qu'elle n'est pas disposée à payer 61 millions de francs par an pour le système actuel.

Christoph Albrecht, JRS-Suisse

 

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