• Détail de Saint Jean Baptiste par Léonard de Vinci © Wikimedia Commons/Musée du Louvre

Avant moi Il était

Jean le Baptiste est un personnage unique, mais sa vocation n’est pas si unique que ça: Annoncer le Christ et indiquer sa présence: «Voici l’agneau de Dieu». C’est notre vocation à nous tous qui sommes plus ou moins croyants, touchés par le témoignage de Jésus et désireux de partager cette expérience avec les autres: Nos enfants, nos petits-enfants, nos amis et toutes hommes et femmes cherchant le sens de la vie. Mais combien de fois ressentons-nous douloureusement les limites de cette vocation face à la réalité du monde et aux dispositions de nos contemporains? Il faut juste voir nos assemblées dominicales et la situation des jeunes dans nos familles pour prendre conscience de la difficulté de parler aujourd’hui de la réalité d’un Christ invisible et souvent défiguré par des représentations peu adéquates.

Mais avant de désespérer face à notre prétendue incapacité, il vaut la peine de se mettre à l’écoute de notre prédécesseur Jean:

«L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était.» (Jn 1,30).

Cette déclaration parait un peu énigmatique, mais elle résume bien l’expérience de la transmission de la foi. En annonçant Jésus Christ nous parlons bien d’une réalité dont nous avons déjà fait une certaine expérience. Mais pour celui qui nous écoute, si jamais notre témoignage éveille son désir et sa curiosité, le Christ sort un moment donné de derrière nous pour prendre le devant. Pourtant ce n’est pas nous, ni nos paroles, ni nos efforts et nos témoignages qui faisons que cette expérience a lieu. C’est l’Esprit Saint qui a révélé à Jean la présence du Christ et c’est à l’œuvre de l’Esprit que nous pouvons confier nos soucis de LE faire découvrir aux cœurs des autres.

Jean est bien conscient qu’il est au service de quelque chose de plus grand que lui. Le «Fils de Dieu» était bien avant lui et ce ne sont pas ni les efforts de Jean ni les nôtres qui font que l’Esprit le révèle comme «celui qui est, qui était et qui vient» (Ap 1,8). Demandons, nous aussi, la grâce de cette humilité pour que nous soyons moins soucieux et anxieux de transmettre la fois, mais d’autant plus libres et joyeux de la vivre.

À son propos:

Beat Altenbach SJ

Le Père Altenbach sj vit et travaille à Genève depuis 2020. Il y est est aumônier de prison et prêtre accompagnateur des projets de la pastorale des jeunes. Né à Bâle en 1965, Beat Altenbach sj est entré chez les jésuites en 1996 après des études en chimie à l’Université de Bâle et un doctorat à l’École polytechnique de Zurich dans le domaine des sciences naturelles de l'environnement. Après des études de philosophie à Munich et de théologie à Paris, il a travaillé comme aumônier universitaire à Zurich et à Bâle, et comme directeur du centre spirituel et de formation Notre-Dame de la Route à Fribourg. Il est ordonnée prêtre en 2004.
De 2003 à 2010, il oeuvre en tant qu'aumônier universitaire à Bâle, ainsi que comme directeur de la maison des universitaires catholiques aki à Zürich, puis en tant que directeur du centre de formation et de retraite spiritulle de Fribourg, Notre-Dame de la Route. De 2015 à 2018, responsable de la pastorale des vocations à Fribourg. Beat Altenbach sj s’est engagé dans l'accompagnement et la formation aux Exercices spirituels; il anime des retraites ignatiennes en allemand et en français. Il est un passionné et fin connaisseur de la spiritualité d'Etty Hillesum. Depuis fin 2020, le Bâlois est à Genève où il est le supérieur de la communauté des jésuites en Suisse Romande, qui regroupe les confrères de Fribourg, Lausanne et Genève.

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