Les victimes d'abus sexuels au sein de l'Église catholique doivent à l'avenir être traitées de la même manière partout en Suisse. Lundi 27 mai, les trois organisations ecclésiastiques nationales – la Conférence des évêques suisses (CES), la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ) et la Conférence des Unions des Ordres et des autres communautés de vie consacrée en Suisse (KOVOS) - ont présenté les mesures prises à cet effet.
Même si aucune mesure concrète n’est encore envisagée, les discussions en vue de la mise en place d’une instance nationale d’écoute et d’accueil pour les victimes d’abus sexuels dans l’Église catholique et de la création d’un tribunal pénal canonique national progressent, relève Maurice Page dans un article paru sur cath.ch. Mettre en œuvre ces mesures correctement est une entreprise exigeante, a déclaré l'évêque de Coire Joseph Maria Bonnemain soulignant l’importance de trouver une stratégie nationale commune. Il ne sert à rien que chacun fasse cavalier seul. «Ce sont les victimes qui passent avant tout, pas la bonne réputation de l'Église catholique» a-t-il encore déclaré lors d'une discussion en atelier au cours de laquelle un rapport intermédiaire sur la mise en œuvre de nouvelles mesures contre les abus a été présenté.
En début de matinée, Stefan Loppacher, chargé de prévention et porte-parole du comité "Abus sexuels" de la CES, a donné un aperçu de l'hétérogénéité du paysage ecclésial suisse qui, outre des cultures et des langues différentes, présente également des structures ecclésiales différentes. «Un système fortement fédéraliste n'est pas connu pour son agilité», a reconnu Stefan Loppacher. Ce défi structurel au niveau national est un facteur qui explique pourquoi la mise en œuvre des mesures n'avance pas plus vite.
Pour lui, la question clé est de savoir comment les victimes d'abus peuvent être conseillées de la manière la plus indépendante et professionnelle possible. Ainsi, le conseil aux personnes et les structures de signalement doivent être séparés. Toutes les personnes concernées dans le contexte ecclésial sont orientées vers les services cantonaux d'aide aux victimes.
Actuellement, la Conférence des évêques suisses (CES) et la Conférence des Unions des ordres et des autres communautés de vie consacrée en Suisse (KOVOS) sont en pourparlers avec ces services afin de participer financièrement au surcroît de dépenses. De même, des centres d'information et de coordination ecclésiastiques sont créés pour soutenir le conseil aux victimes. Et il y a un développement des structures d'annonce et de traitement des cas au sein des institutions. L'objectif est de disposer d'un service de signalement en janvier 2025, relève la journaliste et autrice des photos de kath.ch.
Voix de femme
Pour Vreni Peterer, présidente de la communauté d’intérêt pour les personnes victimes d’abus dans le contexte ecclésial (IG MikU) et victime d’abus, la lenteur de ce processus de centralisation, même si elle est compréhensible, est inquiétante. «Pour les personnes concernées, cela ne va jamais assez vite, a-t-elle rappelé. Ce qui me manque dans ce rapport intermédiaire, c’est l’encadrement des personnes concernées qui signalent leur cas aujourd’hui», lit-on sur cath.ch. « Des personnes concernées n'ont pas accès au traitement de leur cas parce que des questions restent sans réponse ». Pourquoi l'auteur présumé peut-il encore exercer une activité sacerdotale ? S’est-elle interrogée critiquant Roland Loos, qui estime que quelques mois de plus ou de moins ne comptaient pas dans la mise en œuvre des mesures. Pour les personnes concernées, il est très important de savoir si elles doivent attendre plus longtemps avant de traiter la situation. Si elle comprend que la mise en place d'un bureau d'information est complexe, elle aurait souhaité que ce bureau d'information soit déjà en œuvre depuis septembre 2023. « Ce qui manque, c'est le suivi des personnes concernées qui sont là maintenant. Chez nous, 54 personnes concernées se sont manifestées ». Beaucoup d'entre elles parlent pour la première fois de ce qu'elles ont vécu.
«C'est un énorme défi pour nous tous», lui a répondu Mgr Bonnmain. «Nous devrions encourager les personnes concernées à s'adresser aux centres de conseil cantonaux.»
«Nous devons accepter le reproche selon lequel nous n'étions pas assez bien préparés », reconnaît Stefan Loppchcher, responsable du Bureau de la commission d’experts «Abus sexuels dans le contexte ecclésial» de la CES. C'est une «vérité amère» que l'Église n'arrive toujours pas à placer les personnes concernées au centre de ses préoccupations. Il a demandé à l'Église d'agir de manière plus conséquente.
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