Dans une interview parue dans Le Temps le vendredi 31 janvier 2020, Christophe Clivaz rappelle que les régions de montagne toucheront de l’argent du fonds climatique, pour se prémunir contre les conséquences du réchauffement climatique. Cela n’a rien d’un scoop. Le conseiller national écologiste valaisan ajoute cette phrase, retenue comme titre par le journal: «Les gens doivent modifier leur comportement, même en Valais». C’est évident. Le changement de comportement est une nécessité à la fois écologique, sociale et politique; il est d’autant moins contestable qu’il repose sur un principe de justice.
En effet, quoi de plus contraire au lien social que l’inégalité des risques affrontés par les uns et par les autres. Or, par le biais de la solidarité, la communauté des risques est indispensable pour maintenir l’autorité de la loi. Certes, il y faut aussi des objectifs précis et des moyens proportionnés. Mais que les risques climatiques ne portent pas uniquement sur quelques-uns, les autres en étant dispensés, c’est indispensable pour maintenir vivant le lien social.
Dans le prolongement de ce dernier point, j’épingle une phrase tirée des propos du conseiller national. Il suggère d’introduire une taxe incitative sur les carburants qui serait ristournée à ceux qui sont très éloignés des transports publics. Je ne peux qu’approuver. Car si l’on veut que les efforts écologiques suscitent l’adhésion de tous, il faut que ces efforts ne conduisent pas à pénaliser ceux qui sont dans les situations les pires.
En introduisant à l’automne 2017 la taxe sur le gas-oil, le gouvernement français en avait ignoré les conséquences sociales qui allaient peser principalement sur les habitants des périphéries urbaines, et des campagnes. Ces populations qui ont plus de mal que les urbains à renouveler leur voiture, et que l’on avait incité, durant des décennies, à privilégier le diesel par une fiscalité accommodante, ont été les premières touchées, et les premières à réagir.
Qui plus est, la nouvelle taxe française sur le pétrole n’était pas explicitement destinée à compenser les débours de ceux qui pourrait le plus mal la supporter, ni même à financer une restructuration économique plus écologique; mais la taxe allait se perdre dans le trou sans fond du déficit budgétaire français. D’où ce que l’on a nommé par euphémisme «la crise des gilets jaunes». La taxe avait tout d’une punition imposée arbitrairement aux plus faibles.
En revanche, pour peu qu’elle soit appliquée avec rigueur et équité, la proposition de Christophe Clivaz, qui vise à ristourner l’argent de la taxe à ceux qui sont les plus éloignés des transports publics, ne peut que convertir les esprits à l’écologie pratique de chaque jour, au-delà même des valaisans, et favoriser des comportements plus respectueux de l’environnement.