Entre vie et mort, entre enfer et paradis, la bataille est rude. Le petit d’homme est aux prises avec un combat qui le dépasse largement. Il a l’impression de subir.
Ce chapiteau de Saint-Révérien a quelque chose de cruel. Il place l’homme à la merci de deux êtres que l’on reconnaît davantage par leurs attributs. Un diable déformé, prenant appui sur ses deux jambes, et un ange qui se tient bien droit. L’un est difforme, presque méconnaissable, tant son visage est labouré. L’autre a pour lui d’être serein.
Dans toute vie spirituelle, nous espérons souvent des choix clairs. «Choisis donc la vie», mets-toi donc du côté de celui qui fait grandir, qui fait aimer, qui donne envie et n’emprisonne pas. Pendant ce temps, l’autre s’arrime à toi, te rappelle ses mirages, ses attraits. Il n’hésite pas.
Enfer et paradis, Saint-Révérien © Pierre Martinot-Lagarde sjChoisir, oui, souvent, mais plus fréquemment encore consentir. À ce qui est donné, à ce qui fait sens, souvent à ce qui fait suite et confirme ce qui a déjà été inauguré ou engagé. Le choix est peut-être lointain, ancien, non pas oublié, mais un peu passé, oui. Du moins le chemin ou la voie qui a été choisi. Il suffit de consentir à avancer.
Pourquoi rappeler cela ici? Implicitement, il y a une évidence. Sur trois visages, deux sont presque semblables, et le troisième difforme. Le petit d’homme ressemble presque «évidemment» à l’ange et semble bien loin de celui du diable. L’homme est déjà comme un ange.
En nos temps troublés, quand nos libertés sont muselées et que nous cherchons de nouvelles routines, certains d’entre nous ont encore des choix cruciaux, parfois douloureux, à faire. D’autres plus simplement n’ont qu’à consentir à vivre, à être, à aimer, aussi ceux qui sont éloignés mais ne sont pas si loin.
C’est souvent une petite tristesse, une petite nostalgie qui nous invite à ce consentement. Nos esprits partent ailleurs, et nous voilà à revenir vers nous-mêmes, vers le quotidien de nos murs. Ce n’est pas la prison, c’est juste notre intérieur duquel nous ne pouvons nous échapper. Ce n’est pas vers les rêves et les projets que nous pouvons nous évader, mais simplement vers ce Temple intérieur à nous-même, là où nous accueillons le visiteur.
En fait, c’est simple. Si le visage de l’homme est si proche de celui de l’ange, c’est que la proposition est assez claire: à l’homme de consentir à son ange, à adhérer au manteau protecteur de Dieu.
Texte et photo Pierre Martinot-Lagarde sj