Le Roi David peint par Marc Chagall en 1951 prend pratiquement la moitié du tableau. Il est vêtu de rouge, couronné (jaune), jouant de la lyre (jaune), il porte une barbe verte.
Il est né en 1887 à Vitebsk (en Biélorussie) dans une modeste famille juive très religieuse et très attachée au folklore. Aîné d'une famille de neuf enfants, il commence à travailler dans des ateliers, dès la fin de ses études à l’école des beaux-arts de Saint-Pétersbourg. Il séjourne à Paris de 1910 à 1913. Il se lie d’amitié avec le poète Blaise Cendrars qui lui présente Guillaume Apollinaire dont la pensée l’inspire. Ce dernier sera fasciné par la liberté de Chagall dans l’utilisation de la couleur. Le jeune peintre s'installe à la Ruche où vivent aussi Modigliani, Soutine, Léger, Lipchitz. La pauvreté fait bon ménage avec le génie.
Chagall use du cubisme en franc-tireur pour combiner les souvenirs de Russie et l'évocation de Paris, avec une palette très montée. En 1911, Moi et le village est montré aux Indépendants. En 1914, son exposition à la galerie "Der Sturm" à Berlin influence l'expressionnisme allemand. Rentré cette même année en Russie à cause de la guerre, il épouse Bella, qui restera liée pour toujours au traitement du thème fondamental des amants. Nommé commissaire des Beaux-Arts de Vitebsk en 1917, il crée une académie révolutionnaire, y appelant Lissitsky et Malevitch. En 1919, il réalise des peintures murales, des décors et des costumes pour le Théâtre juif; il s'occupe de mise en scène et transforme même le jeu des acteurs. En 1922, à Berlin, il s'initie à la gravure avant de retourner à Paris en 1923. Bientôt, il met en chantier l'illustration de trois livres monumentaux commandés par Vollard et publiés après la mort de ce dernier: Les Âmes mortes de Gogol, les Fables de La Fontaine et la Bible. En 1931, un voyage en Palestine, Syrie et Égypte, où il retrouve l'atmosphère de la Bible, le marque profondément.
Peu avant 1940, l'angoisse perce à travers les Crucifixions; La Chute de l'ange est une toile dramatique; même les scènes de cirque se doublent d'allusions menaçantes. À la fin du printemps 1941, Chagall est arrêté et doit son salut au journaliste américain Varian Fry, qui lui permet de rejoindre les États-Unis. Il crée décors et costumes pour le ballet Aleko puis, après la mort de Bella, il travaille pour L'Oiseau de feu de Stravinski, qui sera monté à l'Opéra de New York. Rentré en France en 1948, il réside à Saint-Germain-en-Laye, au cap Ferrat, puis à Vence. Son inspiration se renouvelle peu, mais la part faite aux fleurs et aux paysages s'élargit; les visions de Paris forment une série particulièrement poétique; la part faite aux thèmes bibliques s'accroît. De nombreuses rétrospectives le consacrent et diverses commandes officielles l'honorent. Il s'intéresse à la céramique, fait quelques sculptures, conçoit deux vitraux pour la cathédrale de Metz. Douze vitraux pour la synagogue du centre médical de Jérusalem, inauguré en 1962, représentant les tribus d'Israël au moyen de symboles d'animaux, sont un apport saisissant tant à l'art sacré qu'à l'histoire du vitrail. À la demande d'André Malraux, Chagall redécore le plafond de l'Opéra de Paris, inauguré en 1964. Depuis lors, les œuvres monumentales, vitraux, mosaïques, tapisseries, peintures murales, se sont multipliées. Citons deux peintures murales pour le Metropolitan Opera, à New York, des vitraux pour la Fraumünster de Zurich ainsi que pour la cathédrale de Reims. En 1973, s'est ouvert à Nice le Musée national «Message biblique Marc Chagall» grâce à un don du peintre et de sa femme Valentina à la France.
L'œuvre de Chagall n'est pas, au même titre que celle d'un Picasso, synonyme de modernisme et point de départ de recherches plastiques, mais elle a introduit la métaphore poétique au cœur de la peinture. La Bible fut toujours pour Marc Chagall moins le texte fondateur d'une religion qu'un immense réservoir poétique.
(sources: Encyclopaedia universlis, wikipédia)
L'histoire de l'œuvre
En 1950, quand Chagall s'installe à Vence, il peint plusieurs tableaux en prolongement de son travail sur la Bible, dont Le Roi David (1951). Pour l'anecdote, le nom de David est à la fois celui du frère du peintre et du fils (David McNeil) qu’il a eu avec Virginia Haggard.
Quelques pistes pour regarder et méditer sur «Le Roi David»
Le Roi David prend pratiquement la moitié du tableau. Il est vêtu de rouge, couronné (jaune), jouant de la lyre (jaune), il porte une barbe verte.
Aux pieds du roi, une femme donne le sein, une foule accueille en dansant un homme monté sur un camélidé. Tout ceci aux abords d’une ville (Jérusalem?) sur laquelle se lève le soleil. Au bord de la route, un homme, pieds nus (le vieux sage), est assis à côté d’un livre. De l’ouvrage surgit tout un univers que regarde le roi David, dont deux femmes, l’une nue couchée (Bethsabée admirée par David?) et l’autre qui porte un chandelier. L’une a un visage serein, l’autre un visage sévère.
Au-dessus des femmes, un peintre, une poule, un cheval, un homme avec un baluchon, une autre femme qui regarde le spectateur et, un peu plus bas, un violoniste, Chagall esquisse également le contour de quelques maisons (Vitebsk?).
Entre le roi David et la femme au chandelier, se trouve un bouquet et un enfant.
Le jeux des couleurs est très intéressant
Le fond du tableau est en bleu foncé, couleur de la nuit. Un bleu que l’on trouve aussi dans les cheveux de la femme au chandelier, dans les fleurs du bouquet du jeune garçon, et en bas à droite du tableau. Ainsi se trace une diagonale qui passe d’un bleu très profond (en-haut à gauche du tableau) à un bleu plus vif (dans le bouquet et les cheveux de la femme au chandelier), pour se mélanger ensuite au jaune et donner le vert du manteau de l’homme assis (ce dernier gardant néanmoins le front bleu) et virer au violet (rouge et bleu) de la ville et revenir finalement à un bleu plus pure en bas à droite en bas où l’on distingue une silhouette d’animal (un équidé ou un bovidé ?). Ainsi un mouvement s’établit entre le ciel et la terre.
Le vert circule dans le tableau entre la barbe du roi, le manteau de l’homme assis et le violoniste. Cette circulation du vert met en évidence la parole, le son, peut-être aussi la connaissance de la Bible.
Le rouge manifeste une sorte de verticalité qui monte ou descend entre le vêtement du roi, le soleil, les cheveux de l’enfant et la poule.
Le jaune marque quant à lui des territoires. Derrière le soleil et derrière l’homme assis, on trouve une courbure qui sépare cette partie du tableau de la partie supérieur. Impression encore accentuée par la diagonale qui traverse l’espace entre le roi et la femme. De même le «cadre» sur lequel se tient la poule marque une séparation entre le peintre, l’enfant et le roi. Il y a peut-être un jeu entre le passé (David, les foules à Jérusalem et Vitebsk) et le présent (l’enfant, le peintre).
Le noir qui dans le bas du tableau marque la courbure de la route se poursuit dans la femme puis réapparait dans l’arc dont le peintre pourrait décocher une flèche. Le noir serpente à travers tout le tableau. Il fait en quelque sorte le lien entre tous ces événements et les personnages.
Bruno Fuglistaller sj
Le Roi David de Marc Chagall, peint en 1951, est une huile sur toile de lin de 198 cm x 133 cm. Le tableau fait partie des collections du Musée national d'art moderne/Centre de création industrielle de Paris.
Prochaines méditations à l'aide d'une œuvre d'art
(d'une durée de 20 minutes environ dont un petit commentaire introductif)
Dates: les 28 février, 28 mars, 25 avril, 30 mai 2018.
(Pas de Méditations avec une œuvre d'art en juin, juillet et août)
Les méditations sont proposées le mercredi soir (après l'Eucharistie de 18h45).