Le point de vue de Pierre Emonet sj

Directeur de la revue culturelle choisir, le trimestriel d'information et de réflexion édité par les jésuites de Suisse depuis près de soixante ans, Pierre Emonet se consacre à l'écriture et aux ministères ordinaires de la Compagnie: exercices spirituels dans la vie ou en retraites, accompagnement spirituel, prédication et aide dans le ministère paroissial.
Dans sa chronique, il jette un regard amical et critique sur l'actualité. Petit exercice de l'art ignatien du discernement pour se tenir à distance du politiquement correct.
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En vue des votations du dimanche 27 septembre, la Commission Justice et Paix des évêques de Suisse ne publie aucun commentaire ni analyse ou recommandations pour la bonne raison qu’elle «ne dispose pas des ressources nécessaires pour répondre à un ensemble de questions aussi important», a expliqué à cath.ch Thomas Wallimann. Et de se justifier en ajoutant: «Avec autant de votations sur la table, la limite des ressources est rapidement atteinte.» La Commission ne compte plus que sept membres et ne se réunit pas souvent. En outre son secrétariat se limite à une seule personne. C’est pourquoi face à ce délai serré, Justice et Paix s’est abstenue de tout commentaire.
Lire la suite : Une honte !
Voici une petite histoire bien de saison en période de vendanges. Mais plus que célébrer les joies du pressoir, Jésus tient des propos provocateurs. J’entends les syndicats protester, et, avec eux, ceux et celles qui ont un minimum de sensibilité sociale. Car l’équité en prend un coup, quand bien même le salaire minimum est respecté et que le propriétaire s’en tient au contrat d’embauche.
Lire la suite : Le prix du salut (Mt 20,1-16)
À Pierre qui lui pose une question légaliste (combien de fois ?), Jésus répond que le pardon ne relève pas d’une arithmétique ou d’un catalogue, mais d’une mystique qui repose sur l’attachement à Dieu. Le pardon que tu accordes révèle l’image que tu te fais de Dieu. La représentation du juge qui trône une balance à la main n’a réussi qu’à brouiller nos relations avec le Dieu de la tradition judéo-chrétienne. Le Dieu de Jésus Christ n’est pas le garant de l’équilibre « œil pour œil, dent pour dent ». Créateur, à l’origine de tout, il ne doit rien à personne. Libre de tout marchandage, pure gratuité, il est éternellement celui qui donne, jamais celui qui doit en retour. Le pardon fait partie de son identité.
Lire la suite : Le pardon privilège divin (Mt, 18,21-35)
Jésus n’est pas un gourou pour individus en mal d’expériences spirituelles. Celui qui a élevé le deuxième commandement à hauteur du premier, qui a donné sa vie «afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés» (Jn11,52) a fondé une communauté. Impossible être chrétien seul, on ne le devient que dans la mesure où on rejoint l’Église.
Lire la suite : Gérer les conflits (Mt 18,15-20)
Pierre avait reconnu Jésus comme le Messie, le Fils de Dieu, et Jésus l’avait félicité. Dans le groupe des disciples il flottait comme un air de triomphe: nous avons fait le bon choix, nous sommes du bon côté, avec Dieu on est en sécurité, plus rien ne peut nous arriver. Mais, en leur dévoilant l’avenir, Jésus leur administre aussitôt une douche froide: nous montons à Jérusalem, et là le Christ va souffrir et être assassiné. Pierre est révolté. La souffrance et la mort sont incompatibles avec la divinité. Un Dieu qui souffre, qui permet la mort de l’innocent est inimaginable. Yvan Karamazov, le docteur Rieux (La Peste de Camus), tant d’autres reprennent le cri de révolte de Pierre. Depuis le saint homme Job leur révolte traverse toute l’histoire de l’humanité. Un Dieu qui cautionne la souffrance et la mort est inconcevable.
Lire la suite : Le Dieu qui déçoit (Mt 16 21-27)
Les disciples de Jésus sont des croyants. En bons juifs, ils ont intégré l’enseignement des prophètes, ils ont confiance en la fidélité de Dieu, et, comme beaucoup, ils attendent une intervention de sa part dans l’histoire des hommes, la venue d’un Messie.
Lire la suite : Le grand saut (Mt 16,13-20)
Après d’âpres discussions avec les Pharisiens sur des questions de pureté légale, Jésus se retire sur le littoral méditerranéen, au Sud Liban. La région est païenne. Là, plus question de rites de purification ou de règlements pointilleux pour gérer les relations avec Dieu. Au-delà de tout ce qui sépare et opère une ségrégation religieuse, la misère du monde le rejoint dans la personne d’une païenne éplorée, qui le presse de guérir sa fille. Aux minuties casuistiques des bien-pensants succède l’appel au secours d’une mère – et de tous ceux et celles qui peinent dans la vie. «Prends pitié de moi, Seigneur!», un cri de détresse plein de confiance qui résonne comme une prière liturgique: «Kyrie éléison!». Un culte nouveau !
Lire la suite : Géographie du salut (Mt 15,21-28)
Après la multiplication des pains, Jésus «oblige» ses disciples à s’embarquer pour l’autre rive; lui-même se chargera de renvoyer les foules. Les disciples n’étaient guère enchantés de quitter si vite le terrain. Ils auraient bien voulu jouir un peu plus de l’admiration des foules. Parce qu’ils avaient fourni les pains et assuré la distribution, ils revendiquaient leur part du triomphe. Ils avaient la grosse tête, un peu comme ces clercs qui se prennent pour les détenteurs du divin sous prétexte qu’ils distribuent les sacrements. Cléricalisme avant la lettre! Contraints, il leur a fallu monter dans la barque et tourner le dos à un moment bien agréable de triomphalisme.
Lire la suite : L’épreuve purificatrice (Mt 14,22-33)
Après la mort de Jean Baptiste, Jésus fuit Hérode et cherche le calme à l’écart. Mais les foules finissent par le rattraper. Parce que la souffrance des hommes lui importe plus que le repos, la compassion l’emporte sur le besoin de calme.
Lire la suite : Petits gestes, grands effets (Mt 14,13-21)
Pour déterrer le trésor ou acquérir la perle rare, faudra-t-il tout jeter par-dessus bord et vivre comme un moine? Seuls les héros, les saints seraient-ils les heureux gagnants?
Le laboureur a découvert un trésor dans un champ qui ne lui appartient pas. Par pur hasard. Cet homme n’est pas un héros. Il mène une vie de routine, comme la plupart d’entre nous. Gestes répétitifs, jour après jour, sans grande nouveauté : levé aux aurores, le bétail soigné, il laboure la terre, sème, moissonne, engrange pour un autre. En un mot, la vie quotidienne ordinaire, sans prétention. Et voilà qu’un beau jour, oh ! surprise, sa charrue heurte un coffre plein de pièces d’or, une belle somme enfouie là pour échapper aux voleurs. Rien de prémédité chez lui, pas de course au trésor, simplement un hasard, la bonne occasion qui se présente. Fou de joie, il s’en va vendre tout ce qu’il possède, histoire de réunir la somme nécessaire à l’achat du terrain. D’un coup, sa vie a basculé dans un bonheur insoupçonné! Il n’a plus rien de ce qu’il avait avant, mais il a tout ce qu’il a trouvé.
Lire la suite : Bonne affaire en perspective (Mt 13,44-46)