2020 est un nombre «heureux», dit une tradition millénaire; car il est divisible par la somme des chiffres qui le composent. Il n’est donc peut-être pas nécessaire de formuler les habituels vœux de bonne, heureuse, fructueuse, juteuse, harmonieuse et sainte année. (Bien que le cœur y soit.) Cependant je fais une exception pour les jeunes petits cyclistes et les piétons âgés.
Le Département fédéral des transports (DETEC) envisage cette année d’autoriser les cyclistes de moins de douze ans à rouler sur les trottoirs. Jusqu’à présent, seuls les vélos-jouets et les vélos sans pédale pouvaient rouler sur ces voies destinées aux piétons. L’objectif est légitime: protéger les jeunes cyclistes inexpérimentés de la furie du flot fonçant comme un forcené au milieu de la foule des engins roulants.
Immédiatement les associations soucieuses de la protection des piétons lèvent une objection, déjà présentée l’an passé lorsque la mesure fut envisagée et soumise à consultation. Les tout-jeunes enfants qui hésitent sur les trottoirs, mais aussi les personnes âgées qui titubent cherchant à conserver leur équilibre seront les premières victimes de cette autorisation. Déjà, ces piétons subissent les assauts des trottinettes qui, abandonnées n’importe où, ou menées en dépit du danger, paie un lourd tribut aux engins mécaniques, motorisés ou roulant par la seule force des muscles. Le danger se redouble si les adultes accompagnant à vélo leur progéniture cèdent à la tentation irrépressible de monter, eux aussi, sur les trottoirs pour suivre de plus près le cheminement de leur enfant.
Le Département des transports semble avoir entendu, mais d’une seule oreille, ces objections, puisqu’il n’envisage cette autorisation que sur des trottoirs balisés à cet effet «sur le chemin de l’école». Les casuistes élargiront très certainement ces situations aux enfants qui font l’école buissonnière. Quoi qu’il en soit, il sera nécessaire de produire les études sur l’évolution des accidents survenus, les uns sur la chaussée au détriment des jeunes vélocipédistes, les autres sur ces trottoirs de centre-ville, où le vieillard que je suis devenu ne peut plus guère marcher sans danger.