Étienne Perrot sj - Depuis 2015, le premier jour du mois d’octobre, le café Fair Trade a supplanté le fête de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus. Fair Trade, ou Fairtrade, littéralement «commerce loyal»; ce que l’on traduit communément par commerce équitable qui désigne concrètement un prix plancher garanti au producteur local. Le premier octobre est donc la journée du café équitable. Les pétales de rose que la carmélite promettait de faire tomber sur la terre prennent donc la forme, pour quelques 800'000 familles, d’un prix plancher de 1,45 dollar la livre de café vert, prix tout juste bon à les maintenir la tête hors du cloaque de la pauvreté. D’autant plus que, en moyenne, seuls 40% de la production est écoulée à ce prix garanti par Fairtrade -le reste est écoulé au prix du marché-. Or ce prix du marché a chuté de moitié cette année sur la plateforme d’échange de New York, passant de deux dollars à un dollar. La dernière campagne d’exportation de café vert a connu un accroissement de près de 10%. La raison en est la surproduction des deux principaux producteurs de café vert, le Brésil et le Vietnam.
Quelque 800'000 familles, cela peut paraître beaucoup; ce n’est cependant qu’une minorité en comparaison des quelques vingt-cinq millions de petits producteurs de café répartis autour du globe, et qui n’ont guère les moyens des grosses exploitations industrielles pour amortir les variations des cours du café. Il leur faut donc s’organiser, ce qui est plus difficile que d’installer de grosses plantations industrielles. S’organiser est difficile, mais pas impossible, comme le montre Fairtrade, qui vend ses produit sous le label Max Havelaar.
C’est la raison pour laquelle je ne peux que me réjouir de la progression, tant dans le commerce de détail que dans la restauration, de la part du café Fairtrade en Suisse (environ 10 % de parts de marché actuellement). Simon Aebi, de Max Havelaar Suisse, note que le label Fairtrade engendre «des résultats plus positifs encore lorsqu’il est combiné avec une agriculture biologique». Le producteur touche, en effet, environ 20% de plus en moyenne sur la livre de café bio.
Le plaisir d’un bon café vaut bien l’effort réalisé en faveur de Fairtrade. (Publicité non payée!)