«Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer.» Je suggère à Philipp Hildebrand d’appliquer la devise de Guillaume le taciturne, prince d’Orange. Jeudi dernier 25 février 2021, l’ancien président de la Banque nationale suisse (BNS), actuel vice-président de BlackRock, vient de retirer sa candidature au poste de Secrétaire général de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques, qui regroupe trente-sept parmi les principaux pays industrialisés). L’OCDE avait pris la suite de l’OECE (Organisation européenne de coopération économique) qui, après la guerre, avait été chargée de répartir l’aide Marshall. Ses compétences largement reconnues, et l’encouragement de la Confédération, avaient permis à Philipp Hildebrand de franchir les trois premières étapes de la sélection préalable au poste convoité. Mais en fin de course, seuls trois pays soutenaient sa candidature, la Suisse, bien sûr, mais aussi l’Autriche et le Luxembourg.
Aux vues de ce résultat, il n’est pas nécessaire d’être grand clerc pour comprendre ce qui s’est passé. Par méfiance contre trois pays suspectés de ne pas jouer franc-jeu dans le concert financier européen, les pays de l’Union européenne se sont bien gardés de soutenir le candidat helvétique. D’autant plus qu’une candidate suédoise est en lice. «C’est la preuve, s’il en faut, que la Suisse, qui n’appartient à aucun bloc influent, est isolée sur la scène politique internationale» écrit le chroniqueur du Temps. Je ne partage pas complètement ce jugement. Que la Suisse n’appartienne à aucun bloc influent, c’est sans doute vrai. Mais c’est également sa force; car elle peut ainsi faire jouer les mécanismes mis en place par les principales puissances mondiales (les États-Unis, la Chine, l’Inde – je ne parle pas de l’Union européenne qui gaspille en palinodies l’essentiel de ses capacités). La Suisse conserve ainsi une certaine autonomie économique, culturelle et politique, autonomie traduite sans ambages dans les chiffres. Quant à dire qu’elle est isolée sur la scène politique internationale, cela me paraît une contre-vérité. Elle demeure le pivot des institutions multilatérales, que ne peut que renforcer l’élection de Joe Biden comme Président des USA.
Quoi qu’il en soit de cette candidature, je fais confiance à l’ancien directeur de la banque nationale suisse pour persévérer dans des projets internationaux qui mettront ses compétences au service du bien commun universel. «Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer.»