La fin de l’année civile fait renaître le rite des vœux. Que souhaiter? à qui? comment? Quel prix y mettre? La clientèle des entreprises ou les électeurs y sont-ils sensibles? Je ne le pense pas vraiment. Car les formules utilisées par les vœux reçus des entreprises ou des politiciens sentent trop le travail laborieux du service de la communication qui a peaufiné les mots et les qualificatifs. Faut-il agrémenter ces vœux de quelque cadeau? Là encore, l’hésitation est permise. Un cadeau trop vulgaire est contreproductif. Un cadeau trop onéreux suscite l’interrogation. (Je soupçonne le gaspillage après un mouvement de contentement satisfait.) Concernant les employés ou les contribuables, l’hésitation n’est pas moindre. Les «étrennes» comme disaient nos aïeux, doivent être significatives, sous peines de manquer leur cible. Faut-il alors -la pandémie peut servir cette année de couverture- viser la formule minimale, voire la suppression de ce rituel? Ce n’est pas plus sûr.
Dans la famille, le problème me semble moins prégnant. Pourquoi? parce qu’il est plus facile d’être sincère envers les gens que l’on aime. Plus les degrés de parenté s’allonge, plus la question se fait douloureuse. Quoi souhaiter, quel cadeau? à quel prix? Pour ceux que l’on aime vraiment, la justesse du cadeau couvre toujours le prix. Pour ceux que l’on n’aime pas -mais envers on doit faire un geste- le prix, même modique, nous arrache le cœur.
Entre ces deux extrêmes vœux pour la famille et vœux pour la vie professionnelle ou politique, les vœux en Église et pour l’Église ne sont pas toujours insignifiants. Ainsi, récemment, un jésuite de Fribourg, le Père Jean-Blaise Fellay, dans une interview de ce décembre 2020, souhaite une Église plus ouverte au mariage des prêtres et au sacerdoce des femmes, en un mot plus ouverte sur le monde, plus en symbiose avec la culture présente, dans l’esprit du dernier concile Vatican II (1962-1965). Pourquoi pas.
La condition toutefois me semble en être que les vœux que l’on souhaite pour l’Église -quels que soient les objectifs assignés- procèdent d’un véritable amour pour le monde, et non pas du désir légitime de maintenir en survie une institution religieuse, aussi vénérable soit-elle.
Aimer le monde à la manière du Christ, tel est le vœu que je formule donc pour l’Église.
À défaut de ce préalable, mon vœu ne serait qu’un coup de pub, qui traduirait plutôt un mépris pour ceux de la planète que je prétends aimer.