À l’impossible nul n’est tenu! S’y tenir tient du miracle. Qui peut y prétendre? Y tendre peut-être et encore! Le possible est déjà suffisamment contraignant. L’accomplir au jour le jour requiert effort, persévérance, ténacité. Chacun connaît l’exigence: tâches à remplir, promesses à tenir, attentes à satisfaire. Heureux qui va ce chemin et découvre la fécondité de sa fidélité. Sa vie prend forme et cohérence. Il recueille des fruits de paix et de joie. Faisant son possible, il lui est alors donné de croire que la vie est bonne.
Ceci malgré ou plutôt grâce à ses défaillances. Multiples, elles le rappellent à l’humilité qui lui offre justement de mieux recevoir la vie. Elles lui permettent d’incarner l’idéal qui l’anime et l’intime à l’exigeante réalisation de soi. En effet, il peut sans le relativiser mettre en œuvre son idéal. Il lui confère une figure humaine unique et précieuse par la singularité de son itinéraire. Utiles ces défaillances le sont aussi au sens où elles lui donnent sa mesure et la mesure: il connaît ce qu’il peut et où il faillit. Il agit au rythme qui lui convient. Ni trop vite, ni trop lentement. Au juste moment. Dans la force du mouvement ou la retenue du geste. Il accomplit ainsi son existence d’homme. Qui va ainsi se découvre surpris de recevoir la vie de ses fragilités. Lui est manifesté qu’il peut se tenir debout en toute situation. Ou presque. Reste la mort! À l’impossible nul n’est tenu.
Si. Quelqu’un. Jésus-Christ! Lui l’a tenu. Un jour il a accompli la Pâque. Il a retourné la mort en Vie. Accomplissant sa vie jusqu’à l’extrême il lui a été donné de voir se briser ce qui la rend impossible. Il faut pour cela un étrange amour. Qui n’est pas de ce monde. Et qui trace un chemin, une voie. Tangible aux sens de la foi. Étrange toucher de la résurrection qui s’inscrit dans le monde sans en être. Car il passe ce toucher d’Amour tel une caresse, une tendresse… qui nous redresse. Transfigurant, il nous met debout alors que nous sommes effondrés. Il nous met en marche alors que nous sommes paralysés. Il nous donne de vivre pleinement, cet étrange Amour, pour que nous ne tenions plus à nos impossibles.
Luc Ruedin sj
Chemin vers la vie © Beat Altenbach sj